Chapitre 16 : à la maternité ; un hôpital du Nord
Chapitre 16 : à la maternité ; un hôpital du Nord
Je tiens dans mes bras mon petit bébé. Mon tout petit bébé qui vient de naître, et que je chéris tant.
Quand j’étais enfant, nous avions chez nous dans un cadre en bois une photo de ma mère, radieuse et magnifique de fraîcheur, un joli bandeau dans les cheveux et les ongles vernis, encore alitée, parturiente. Dans ses bras, ma sœur aînée, et, assise à ses côtés sur le lit, tout sourire, ma grand-mère.
Magnifique photo qui ne laisse pas imaginer la fatigue, la douleur de l’accouchement, le désordre des draps, la sueur, les taches de sang.
A la maternité d’un hôpital d’une ville du Nord, même en essayant, je n’aurais pas pu être aussi fraîche et rayonnante que ma mère. Mais peu importe, car il n’y avait pas de photographe pour immortaliser ces moments, sinon moi-même qui pris, avec mon argentique, quelques clichés du bébé. J’étais bien trop occupée à me graisser les mamelons et surveiller ma montée de lait pour me désoler de n’avoir pas fière allure.
Je passai là cinq jours, sans qu’il y eût, assise à mes côtés, la grand-mère maternelle du bébé, puisque la grand-mère maternelle était au Ciel.
J’étais loin de toute ma famille et de mes amies, dans cette ville du Nord. Mais j’étais comblée par ce petit bébé ; j’aimais ma ville, j’étais heureuse.
Je reçus un appel téléphonique de ma sœur au cours duquel elle évoqua une sœur de ma mère, dont elle venait d’avoir des nouvelles récentes.
-Elle va bien ?
-Mmm...
Cette réponse me fit augurer quelque complication. Je me demandai d’un coup si c’était le choix du prénom de mon fils qui lui posait problème.
Ma sœur me répondit alors brusquement que non, que ce n'était pas cela, puis elle m'annonça que cette dernière avait à son tour un cancer du sein.
Effroi. Un nuage noir envahit la pièce, m'encercla, et me menaça à mon tour. La mort faisait irruption dans la chambre de la maternité.
J'étais saisie.
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