chapitre 1 : Une amie est malade

Chapitre 1 : Une amie est malade


Une amie vient d’apprendre qu’elle est malade. 

Nous échangeons par sms. Des tuyaux. 

Je sais par quelles voies elle passe, à son tour. 

Après la phase d’attente à la suite des examens, elle encaisse le choc. 

Savoir que l’on porte en soi le mal. Avoir hâte de commencer les soins. 

L’attente.

 

Ne pas encore connaître les médecins. 

Mener l’enquête sur l’alimentation : l’alcool, le sucre, est-ce autorisé ? Est-ce que ça nourrit le cancer ? Est-ce que ça crée de l’inflammation ? 

Déjà, on a un cancer. En plus il faut réfléchir à tout ça. Se priver. 


On a un cancer : déjà.

 

Le cancer de mon amie

Ressemble au mien. 

Elle me demande s’il faut qu’elle aille voir un coupeur de feu. 

Je me demande, moi, ce qu’il lui a vendu. 

Je pourrais revendre tous les livres que j’avais achetés. 

J’ai jeté mes vernis. Qui ne séchaient pas. 

Les crèmes pour les mains. 

Les huiles pour le corps. 

Les boissons pour « drainer le foie ». 

Les turbans. 

Que de gâchis ! 

Je me demande bien ce que le coupeur de feu a pu lui promettre ! 

 

Je m’accrochais à des realia. 

La table en marbre de la cuisine. Boire un verre d’eau gazeuse. 

 

Je détestais tant aller à l’hôpital 

que je me mis à chérir mon appartement. Je pris la mesure du bonheur qu’il y a à être hors de l’hôpital. 

Être chez soi : se sentir en sécurité. Le confort et la sécurité. 

L’amour de mon mari. La table de la cuisine. Un verre d’eau gazeuse. 

Du chocolat noir sans sucre. 

 

Parfois, se raccrocher aux realia a un prix : j’ai dépensé trop d’argent dans des vernis à ongles, pour cancéreuses. Comme pour tout aujourd’hui, il y a trop. Trop de cancéreux. Trop de cosmétiques. Trop de forums. Trop d’informations. 

Quand je me vois maintenant, je me dis qu’on en fait trop. 


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