Chapitre 15 : euphorie
Chapitre 15 : euphorie
Cette période de flottement fut aussi très agréable. Le printemps venait égayer la seconde année-covid qui nous avait infligé les couvre-feux, les autorisations pour circuler, et la grande question : devons-nous faire vacciner nos enfants déjà muselés par un vilain masque.
Qui se souvient encore de l’expression « demi-jauge » ? Il s’agissait d’avoir les élèves moins souvent face à nous. Cela impliquait un certain nombre de cours en visio ou leur donner des devoirs à faire chez eux.
Grâce à cela, mes absences pour consulter des chirurgiens étaient imperceptibles.
A cause du coronavirus, je me rendis seule à chaque visite médicale et chaque chimiothérapie, sauf dans les tout premiers temps où mon mari put m’accompagner. Il faisait beau. Nous attendions ensemble. Nous buvions dehors, avant ou après, des petits cafés, des thés. Nous devisions.
A sa manière, l’un des médecins nous refit le sketch des Inconnus, commentant le nodule sur une radio du sein non-malade, confondant le droit et le gauche : nous en gardons un souvenir de franche rigolade, une fois sortis de son cabinet.
Étonnamment, ce fut presque une période un peu euphorique : planifier, organiser la suite, sans tout bien maîtriser, et l’annoncer aux amis, comme on annonce un mariage ou une naissance.
Il y eut des annonces plus difficiles. A mes enfants.
A mon père et à ma sœur. Qui avaient déjà perdu ma mère d’un.deux cancer.s du.des sein.s.
Mort.e à l’écriture inclusive.
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